Paroles de Florence: « à 60 ans, je me suis lancée dans le social selling »
- francoishada
- 16 sept. 2024
- 4 min de lecture
Avril 2023 : j’ai 59 ans. Après 15 années passées dans une entreprise fabriquant et distribuant des cosmétiques naturels, en tant que responsable d’un point de vente, je suis licenciée pour inaptitude, en raison de mes problèmes de santé.

J’ai abordé ce licenciement avec une certaine sérénité. En tous cas, je l’ai vécu comme une libération. J’avais fait un gros burn-out et passé de longs mois en congé maladie avec diverses pathologies.
Une chose était établie : je ne pouvais plus travailler debout, 39 heures par semaine, ni même 28 heures après ma mise en invalidité. La médecine du travail avait clairement statué sur ce point.
Etre reclassée dans mon entreprise était chose impossible car les seuls emplois non commerciaux (marketing, RH, etc) sont à Paris. Moi, je vis à Marseille.
Inenvisageable également de reprendre la même activité dans une autre société puisque je ne pouvais plus exercer mon métier correctement.
Lasse aussi de la pression des objectifs, de la logistique (manutention, merchandising), lasse aussi des horaires figés, des samedis à travailler, des périodes de fêtes et de soldes où l’on travaille le dimanche.
Fatiguée des incivilités des clients dans le grand magasin où je travaillais. Des vols. Des testeurs vidés quotidiennement par des clientes indélicates.
J’avais aussi envie d’équilibre professionnel/personnel.
Et puis, j’avais observé d’énormes changements lors de la période post-COVID et ceux-ci avaient une conséquence directe sur mes résultats, la méthode de travail et également des incidences humaines.
Travailler avec un masque et faire face à une cliente masquée également est quelque chose de très compliqué lorsque l’on doit échanger, accueillir avec le sourire, communiquer de manière générale.
Mais que dire de la quasi impossibilité de faire tester des crèmes, des parfums alors que tout contact est interdit ?! Or, le cœur de ce métier, c’est d’offrir une expérience sensorielle aux clients.
Par ailleurs, les habitudes d’achat des clients avaient énormément changé. Ils s’étaient en partie retournés vers l’achat en ligne, ce que corroboraient les résultats du vecteur WEB de l’entreprise alors que les ventes retail affichaient une baisse historique.
Humainement, j’ai assisté à des licenciements dans beaucoup de marques présentes dans le magasin. Une de mes collègues ( de mon âge) a même appris la suppression de son stand lors d’une visioconférence hebdomadaire. J’ai vu des femmes, épuisées par des années de travail acharné, certaines avec des crédits encore très lourds à rembourser, d’autres avec un enfant handicapé nécessitant une assistance ou un établisssement de placement, totalement hébétées par ce qui leur arrivait. Un étage entier du magasin a fermé et fut mis en location (NB : il n’est toujours pas loué).
J’ai donc beaucoup réfléchi, après m’être inscrite au chômage. J’ai suivi un atelier de recherche d’emploi. Rien ne me parlait. Et puis, me reconvertir dans quoi à bientôt 60 ans ? Quel employeur recruterait une personne de mon âge fraichement reconvertie dans une activité dans laquelle elle n’aurait aucune expérience ???
L’idée que l’avenir de la vente (mon domaine « d’excellence ») allait probablement se situer de plus en plus précisément à distance se confortait de jour en jour dans mon esprit.
J ai donc décidé de continuer à exercer mon métier AUTREMENT.
J’ai suivi une formation en marketing digital. Un domaine où je ne connaissais rien et où j’ai donc appris les bases.
Et puis, après quelques tâtonnements, j’ai choisi de me lancer dans le social selling ( la vente par recommandation) , dans une entreprise affichant des caractéristiques et des valeurs qui m’ont attirée :
- le multi-marques (beauté/bien-être) : un très gros point positif ca , généralement, les entreprises de ce type proposent juste leur propre marque, totalement inconnue du public. On se trouve donc confrontée dès le départ à un problème de notoriété avant même d’être confrontée à la problématique de vente. Ici, + de 70 marques connues, partenaires dans ma boutique en ligne. C’est ce qui m’a décidée à me lancer.
- Un système de rémunération très juste. Très loin de ce que l’on pourrait nommer un système pyramidal (d’ailleurs totalement illégal);
- Des marques très engagées (dans l’expertise, l’écologie, la naturalité);
- La notion de « social-selling responsable » où l’on n’encourage jamais la surconsommation;
- Un siège très présent, très participatif, avec des salariés et une fondatrice qui communiquent presque quotidiennement avec nous. Pour mes collègues et moi, c’est très important car, même si nous ne sommes pas salariés de l’entreprise (nous sommes auto-entrepreneurs, VDI), nous faisons réellement partie d’elle;
- Des outils de travail ultra performants qui nous permettent de travailler de manière professionnelle et de gérer toute notre activité.
Alors bien sûr, il m’a fallu beaucoup travailler des domaines qui m’étaient totalement inconnus : la création de contenu sur les réseaux sociaux, réaliser des « face cam », moi qui déteste m’exposer, me familiariser avec des logiciels dont j’ignorais et l’ existence et la pratique pour créer des visuels, monter des vidéos etc….Il m’a fallu aussi trouver le ton juste pour communiquer ( je ne suis pas une influenceuse), faire de mon âge un avantage, un atout crédibilité pour conseiller et vendre mes clientes (je me suis spécialisée dans les peaux matures, le collagène).
Bien sûr, chaque mois, je repars à zéro et c’est parfois très dur.
Bien sûr, je n’ai pas de fixe et bien souvent, ce que je gagne ne dépassant pas ce que me verse Pôle Emploi, mes commissions sont donc déduites de mes allocations chomage.
Mais j’ai un objectif : développer mon activité pour justement me passer de ces fameuses allocations chômage. Et j’y travaille dur (développement de mon portefeuille clients, développement d’équipe). J’ai déjà quelques belles réalisations qui sont ma fierté.
Bien sûr, je dois aussi faire face aux préjugés face à ce métier encore mal connu que l’on assimile à de la vente TUPPERWARE . je découvre la méfiance du public face au paiement en ligne (combien de fois dois-je moi-même payer les commandes de mes clientes et me faire rembourser par celles-ci par virement !). J’essaye d’être pédagogique. J’essuie aussi des réflexions par certains de mes amis au sujet de mes comptes FACEBOOK ou INSTA qui ne ressemblent plus du tout à ce qu’ils étaient avant puisque je n’y publiais que des posts politiques ou humoristiques. Je ne les intéresse plus. Ils ne comprennent pas que je me batte quotidiennement pour réussir.
Mais j’ai gagné ma dignité face à un licenciement qui aurait pu s’avérer catastrophique et la fierté de relever la tête et d’apprendre chaque jour quelque chose de nouveau.
Et pour moi, c’est une victoire.
F de L
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